Au milieu des infos toujours plus sombres de cet hiver européen 2021 (coronavirus, froid, vaccin trop lent, couvre-feu, blablabla), les éditions L’Archipel sortent un roman d’Elizabeth Haran, qui fait du bien par où il passe. La « spécialité » de l’auteure, non, pas les andouillettes au vin blanc, non, pas la blanquette de veau, mais l’Australie. Oui, l’Australie, rêve de nombre d’entre nous, pays chaud (vous les voyez les 20 cm de neige dehors pendant que Madame Aigre-Douce rédige), à l’ Histoire prenante, aux paysages sans doute magiques et à la sécheresse intense.

C’est surtout à cette sécheresse, et à l’étroitesse apparente des mentalités des habitants de l’outback australien, que va être confrontée Nola. Nola, c’est une jeune, grande, imposante institutrice anglaise. Elle est surtout un peu grande-gueule, comme on dirait aujourd’hui, émancipée, et pour l’affirmation des femmes. En 2021, ça passe crème. Mais Nola, et ce roman, sont en 1910. Et à cette époque-là, au sein de la bonne société anglaise, ça pique un peu. Nola se fait donc virer de plusieurs demeures où elle enseigne aux filles comme aux garçons, jusqu’à ce que, à bout de propositions d’emploi pour elle, son boss l’envoie en Australie. Il a en effet reçu une demande du domaine Reinhart, qui cherche un percepteur pour les trois enfants du régisseur. Toi, lecteur, tu sais qu’ils attendent en fait un homme sur ce domaine, pour prendre en charge l’éducation des enfants et se montrer apte à différentes tâches sur l’exploitation. Et tu sais aussi que c’est Nola qui y va. Mdr. Donc tu t’attends bien aux problèmes qu’elle va rencontrer…

Après un voyage chargé de péripéties, l’arrivée de Nola déclenche déjà une petite tempête dans la minuscule ville d’où elle prend le départ en diligence pour le domaine. Alors quand elle arrive sur son lieu de travail, c’est l’apocalypse. Le vieux propriétaire, malade, solitaire, pleurant encore sa femme après une dizaine d’années, en est tout retourné, le régisseur père des enfants dont Nola aura la charge fait gravement la gueule, un des employés se positionne direct pour de futures fiançailles… Ben oui quoi, des femmes, il n’y en a pas beaucoup dans le coin. Mais la charmante écriture et les belles descriptions d’Elizabeth Haran vont nous accompagner, nous, lecteurs (surtout lectrices sur ce coup-là sans doute) lors des efforts de Nola pour s’impliquer dans la vie du domaine, aller à la rencontre des tribus aborigènes qui l’entourent, débourer un cheval récalcitrant, apporter sa contribution pour sauver le cheptel et combattre la sécheresse, s’occuper des enfants, bref : gagner et tenir sa place. Les quelques répétitions et passages un peu plus poussifs s’effacent car le courage de Nola fait rêver et voyager. Madame Aigre-Douce s’est sentie fière pour elle, pour sa force et ce qu’elle accomplit. Et une petite bouffée de fierté, la peau brûlée par le soleil d’Australie, le nez plein du parfum des eucalyptus, quand tu es en legging dans ton canap’, avec un après-midi tout gris pourri dehors, ça fait pas de mal !

Les autres romans d’Elizabeth Haran, Au pays du soleil rouge et Etoiles dans le ciel du Sud, se concentrent sur le même sujet : de jeunes femmes de la bonne société anglaise sont poussées par les circonstances à émigrer en Australie. Madame Aigre-Douce se laissera sans doute de nouveau tenter par un des deux autres, pour de petites vacances par exemple. Faites-en donc de même pour vous évader quelques heures…

Conclusion : Un petit peu de féminisme, un petit peu de nature writing, un petit peu de saga familiale, un petit peu de mystère, un petit peu d’aventure. Des petits peu qui font un tout agréable à lire et un beau roman d’évasion.

Merci à Netgalley et à Mylène de L’Archipel